- déplorer
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• XII e; lat. deplorare1 ♦ Littér. Pleurer sur, s'affliger à propos de (qqn ou qqch.). Déplorer les malheurs de qqn. ⇒ compatir (à) (cf. Avoir pitié de). Déplorer la perte de qqn. ⇒ pleurer. Déplorer les malheurs du temps. ⇒ se lamenter.2 ♦ Cour. Regretter beaucoup. Déplorer un événement. Déplorer de (et inf.), que (et subj.). « Combien je déplore, monsieur, d'avoir à vous gâter [...] les illusions où vous vous complaisez ! » (Courteline). « Il déplorait que sa préoccupation de cicerone le gênât pour savourer la présence de Marie » (Romains). Tous déplorent qu'il ait échoué. On doit déplorer, il est à déplorer que...⊗ CONTR. Féliciter (se), réjouir (se).déplorerv. tr.d1./d Témoigner une grande affliction de. Déplorer la mort de qqn.d2./d Trouver mauvais, regretter. Je déplore cette maladresse.⇒DÉPLORER, verbe trans.A.— [Le suj. désigne une pers., parfois un attribut de la pers. ou un obj. personnifié] Manifester de la douleur, de la compassion. Synon. pleurer sur, s'affliger de.1. Vieilli, gén. poét. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. morte ou qui va mourir] :• 1. Les masques blafards [des portraits] se colorentComme au temps où je les connus.Ô vous que mes regrets déplorent,Amis, merci d'être venus!GAUTIER, Émaux et camées, 1852, p. 110.2. [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr., en partic. un événement, un fait, une situation, parfois un obj. concr.] Déplorer amèrement; déplorer la perte, le sort de qqn; déplorer un malheur. Il déplorait en silence les ruines de la maison (A. FRANCE, M. Bergeret à Paris, 1901, p. 17) :• 2. Cet aveugle, qui semblait accablé par l'âge, psalmodiait d'un ton nasillard une espèce de complainte, où il déplorait sa cécité et implorait la charité des passants, ...GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 363.— Emploi abs. Cerisiers aux feuillages pendants, qui ont toujours l'air de déplorer (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 184).— Emploi pronom. réfl., vx. Son talent d'écrivain ne commence à se produire qu'(...) en se plaignant et se déplo rant comme incapable et nul (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1863-69, p. 355).B.— [Le suj. désigne une pers., une collectivité ou un de leurs attributs, un mode d'expression; le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr. (fait, situation, etc.) et parfois une chose concr., une pers., une collectivité] Juger fâcheux, regrettable, désapprouver vivement, en raison notamment de son caractère irréversible. Déplorer l'absence, l'aveuglement de qqn; déplorer des erreurs, des excès. Qu'on le déplore ou qu'on s'en réjouisse, l'ère d'autorité dans les arts est (...) révolue (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 300).— Déplorer comme + adj. ou subst., de + inf., ou que + subj. Il déplorait comme scandaleuse et dangereuse la licence de la presse telle qu'elle existait sous Napoléon III (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 97). Doctrine qui déplorait qu'on accordât plus d'importance aux « notes » (...) qu'aux « sons » (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 284) :• 3. ... nous étions seuls dans le wagon, et de mauvaise humeur tous les deux, ennuyés de quitter Paris, déplorant d'avoir cédé à cette idée de voyage, regrettant Marly si frais, la Seine si belle, ...MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1256.— En incise, rare. On est si mal servi aujourd'hui, déplora l'hôtelier (TOULET, J. fille verte, 1918, p. 111).Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. déplorateur. Celui qui manifeste de la douleur devant certains événements, qui demande quelque chose. Jérémie et tous les déplorateurs de la Bible (GONCOURT, Journal, 1857, p. 411).Prononc. et Orth. :[
], (je) déplore [
]. Enq. :/
/ (il) déplore. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié du XIIe s. « pleurer sur (quelqu'un) » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 77, 70 : e les lur vedves n'esteient deploredes [viduae eorum non plorabantur]); ca 1200 (Dialogue Grégoire, 139, 10 ds T.-L. : deploranz lo malisce des freres). Empr. au lat. class. deplorare « pleurer, déplorer ». Fréq. abs. littér. :728. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 070, b) 697; XXe s. : a) 1 299, b) 1 024. Bbg. KLEIN (H.-W.). Regretter et déplorer. Classe de fr. 1954, t. 5, pp. 220-221.
déplorer [deplɔʀe] v. tr.ÉTYM. Av. 1150; lat. class. deplorare, de de- intensif, et plorare. → Pleurer.❖1 Vx. || Déplorer qqn : regretter en s'affligeant une personne morte ou qui va mourir.2 (Av. 1150). Littér. Pleurer sur, s'affliger à propos de (qqn ou qqch.). || Déplorer les malheurs de qqn. ⇒ Pitié (avoir); compatir (à), plaindre (qqn). || Déplorer les malheurs des temps. ⇒ Lamenter (se). || Déplorer amèrement la perte de qqn. ⇒ Pleurer.1 Mortellement atteint d'une flèche empennée,Un oiseau déplorait sa triste destinée (…)La Fontaine, Fables, II, 6.3 Cour. Regretter beaucoup. || Déplorer un choix, un événement. ⇒ Regretter, trouver (mauvais). || Déplorer une politique comme, en tant que dangereuse. || Déplorer d'avoir, de n'avoir pas fait une chose. || Déplorer que (et subj.). || Il déplore que nous ayons échoué.2 Qu'on déplore ou qu'on glorifie les transformations sociales advenues, il faut prendre la nation telle qu'elle est, les faits tels qu'ils sont, entrer dans l'esprit de son temps, afin d'avoir action sur cet esprit.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 312.3 Combien je déplore, monsieur, d'avoir à vous gâter, aussi complètement que je vais avoir l'honneur de le faire, les illusions où vous vous complaisez !Courteline, Boubouroche, Nouvelle, II, p. 37.4 Il déplorait que sa préoccupation de cicerone le gênât pour savourer la présence de Marie.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 253.♦ En incise, rare :5 On est si mal servi aujourd'hui, déplora l'hôtelier.P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, 1918, p. 111, in T. L. F.❖DÉR. Déplorable.
Encyclopédie Universelle. 2012.